Impression de ne jamais être à votre place, et que les autres vont bien finir par s’en rendre compte ? Et si c’était le syndrome de l’imposteur ?
Malgré une définition assez simple, le syndrome de l’imposteur n’est pas si évident que cela à détecter chez celui qui en est “atteint”, précisément à cause de la nature de ce syndrome…
Je partage dans cette vidéo mon expérience et des exemples de manifestation de ce syndrome chez moi, ainsi que 4 prises de conscience qui m’aident à le vaincre.
Et voici le texte si vous préférez lire :
Ma définition du syndrome de l’imposteur
Le syndrome de l’imposteur, c’est un genre de sentiment qui nous fait penser qu’on n’est pas à notre place, et que les gens vont bien finir par s’en rendre compte. C’est un manque de confiance en soi, avec des petites spécificités qui lui sont propres.
Pour ne pas risquer d’être démasqué comme l’imposteur qu’on est persuadé d’être, ce syndrome va nous pousser à minimiser, voire dénigrer nos compétences et nos réussites. Par exemple si quelqu’un nous fait un compliment sur une de nos réalisations, on peut répondre en remerciant puis en ajoutant que c’est pas non plus si génial que ça, et qu’on aurait pu faire mieux, etc.
Même si on ne se dénigre pas à voix haute, on peut aussi se contenter de le faire dans notre tête, avec des pensées auto-critiquantes du style « Je suis nul, c’est nul, tout est nul, les autres sont mieux, pour qui est-ce que je me prends ? Qui suis-je pour oser prétendre ? ».
La conséquence la plus fâcheuse de ce syndrome, c’est de ne pas oser faire les choses qu’on a envie de faire, s’exprimer, montrer nos créations, avoir de l’ambition professionnelle… En gros, de rester plus petit et caché qu’on ne le voudrait au fond, pour ne pas prendre le risque d’être démasqué comme un imposteur.
Un exemple personnel
Personnellement le syndrome de l’imposteur, je le connais bien… MAIS faire cette vidéo est assez difficile pour moi, parce que j’ai l’impression que finalement, nan, je n’ai pas vraiment le syndrome de l’imposteur… ça va se voir que je ne manque pas tant que ça de confiance en moi, la preuve, je suis en train de faire une vidéo sur youtube… faut pas exagérer, les gens qui souffrent du syndrome de l’imposteur c’est pire que moi… moi ça va…
Bref, j’ai l’impression que parler du syndrome de l’imposteur, est une imposture de ma part, et que les gens qui regardent cette vidéo vont s’en rendre compte tout de suite…
Je pense que ça résume très bien ce qu’est le syndrome de l’imposteur.
Et si vous vous reconnaissez dans ce genre de raisonnements un peu tordus, je vous conseille de vous intéresser à ce syndrome.
C’est en gros une sorte de sentiment récurrent d’illégitimité à faire les choses, et que les gens vont s’en rendre compte.
Moi, là, concrètement, je suis persuadée qu’après avoir posté cette vidéo, quelqu’un en commentaire va minimiser mon propos, casser tout mon délire de syndrome de l’imposteur et me faire comprendre que je suis en train de blablater sur quelque chose qui n’existe même pas, faut pas exagérer, pas la peine d’en faire tout un cinéma, c’est pas grand chose. Ça va. C’est bon. C’est pas si grave. Etc. Et j’en suis tellement persuadée, que je prends les devants, vous voyez, je m’adresse à cette personne qui je suis sûre existe et va poster ce commentaire pour me démasquer et minimiser mes propos : je sais ce que tu vas dire. Et je ne m’en fous pas, j’ai un petit peur de toi, c’est vrai. Mais je poste ma vidéo quand même.
Voici un exemple de comment vaincre le syndrome de l’imposteur : en le reconnaissant pour ce qu’il est, et en passant à l’action quand même.
Et puis au fond, on est d’accord le syndrome de l’imposteur, c’est pas, si grave. Ok. Mais entretenir l’idée que ce syndrome de l’imposteur, c’est rien, ça empêche de prendre conscience et de comprendre ce symptôme, et tout ce qu’il y a derrière. Et tout ce qu’il y a derrière, ce n’est pas « rien ». Ça peut être assez lourd, à un niveau inconscient, et ça peut cacher des blessures et des blocages qui viennent de l’enfance, tout ça, et sur lesquelles il peut être vraiment intéressant de se pencher, ne serait-ce que pour grandir, mais aussi pour se déployer à son plein potentiel.
Evidemment, beaucoup de gens connaissent ce sentiment, je pense, de se dire qu’on est nul et que les autres vont nous trouver nuls. Et c’est un syndrome qui surgit par épisodes, c’est pas non-stop tout le temps.
Mais ça n’affecte pas tout le monde pareil, à la même intensité et à la même fréquence.
Et comprendre le syndrome de l’imposteur, si il nous affecte beaucoup et souvent, ça peut aussi être l’occasion de mettre en lumière un fonctionnement cérébral particulier, et c’est toujours important je trouve de comprendre comment on fonctionne.
Le syndrome de l’imposteur dans la vie sociale
Et on parle souvent du syndrome de l’imposteur dans les milieux professionnels, ou artistiques. Mais mon expérience de ce syndrome, c’est que ça ne concerne pas uniquement mes réalisations, mais aussi ma vie sociale, et en particulier, mon rapport aux groupes.
Dans tous les groupes dont je fais partie, il y a toujours, toujours, toujours un moment où l’idée me traverse que je ne suis pas à ma place, et que les gens vont s’en rendre compte. Il m’arrive même de me sentir illégitime dans des groupes Facebook. Des lieux virtuels. Alors imaginez un peu ce que ça peut donner si j’essaie de faire partie de communautés dans la vraie vie… Bah j’ai du mal.
C’est pas de la timidité, parce que je ne suis pas timide, et je n’ai pas de problèmes à me faire des amis, c’est juste que dans un groupe, je finis systématiquement par penser que ma présence n’est pas appropriée et que quelqu’un va tôt ou tard me le faire remarquer.
Autre exemple personnel : le marketing
Je ne vais pas vous faire ma psychanalyse en vidéo sur youtube, mais comprendre un peu ce syndrome de l’imposteur m’a permis de comprendre pourquoi j’avais tant de mal avec le marketing, par exemple.
J’ai auto-édité mon premier roman. Déjà, avec l’auto-édition, je n’avais pas d’éditeur extérieur accrédité pour valider la qualité de mon travail, je partais avec un gros sentiment d’illégitimité à me dire écrivain et à oser vendre mon livre… Zéro crédibilité et une grosse peur du ridicule. Mais c’est très bien, parce que ça m’a fait travaillé et progressé là-dessus, justement.
Sauf que du coup au début, j’étais beaucoup dans une posture d’auto-dénigrement. J’étais supposée vendre mon roman, donc d’essayer de convaincre les potentiels lecteurs que mon roman était bien, pour qu’ils aient envie de le lire, mais je tenais en parallèle un discours où je répétais que j’avais encore plein de choses à apprendre. Et pire, je demandais aux gens de me donner leur avis sur mon roman pour me rassurer mais dès que quelqu’un me disait qu’il avait aimé mon roman je pensais qu’il me mentait pour ne pas me vexer… Voilà… Alors j’appliquais un peu des techniques de marketing pour faire connaitre mon roman, mais j’avais l’impression d’être une arnaqueuse en puissance… Bref.
Maintenant j’ai du recul, mais au début, c’est une chose dont je n’avais même pas trop conscience. Je me rendais bien compte que j’étais nulle en marketing, et que j’aimais pas ça, mais j’avais pas conscience de ce syndrome de l’imposteur. C’est pour ça que je crois que c’est important de comprendre ce que c’est et comment il se manifeste…
Depuis que j’ai sorti mon premier roman, j’ai toujours été authentique, sur mon blog et dans mes vidéos, sur le partage de mon cheminement, donc ça impliquait de dire que je me sentais illégitime et tout, je voulais pas faire semblant d’avoir trop confiance en moi.
Mais il a bien fallu à un moment que je comprenne que je ne pouvais pas à la fois vendre mon roman, et à côté dire qu’il n’était finalement peut-être pas si bien que ça, qu’il y avait mieux ailleurs, etc.
Parce qu’on peut être honnête avec soi-même et envers les autres, par rapport au fait qu’il y a des trucs à améliorer et que ce n’est pas parfait, sans insister sur ça.
Pas lié à la réussite
Et il faut bien comprendre que le syndrome de l’imposteur n’est pas lié à la réussite. Il y a des gens qui ont une belle carrière qui continuent à avoir peur de finir par être démasqués, avec le sentiment qu’ils sont arrivés là où ils en sont par hasard, ou par chance, ou par erreur… Il y a des écrivains qui ont sorti plusieurs livres à succès qui continuent à avoir le syndrome de l’imposteur.
Aujourd’hui, je ressens moins le besoin de minimiser ou dénigrer mon travail, par peur que quelqu’un le fasse à ma place avant moi. Ça m’arrive encore, mais comme je connais ce symptôme, je sais mieux le reconnaitre.
Parenthèse féministe
Je me permets de faire une petite parenthèse féministe. Je n’ai pas fait d’étude sociologique sur le sujet, mais j’ai l’impression que les femmes sont plus touchées par ce syndrome, en tout cas au niveau professionnel et artistique, pas parce que ça serait un truc inné que la femmes est plus faible et c’est normal qu’elle ait moins confiance en elle… non. Je crois que notre société n’encourage pas forcément les femmes, par exemple, à prétendre à travail égal salaire égal… Et que c’est potentiellement plus difficile de se sentir à sa place dans un environnement qui essaie de nous faire, de fait, comprendre qu’on n’est pas à notre place. Et peut-être qu’en tant que femme, j’ai plus intégré que je n’étais pas sensée être ambitieuse et oser prétendre quoi que ce soit d’autre que d’être heureuse et gentille.
Je ne dis pas ça pour accuser qui que ce soit, ni la société, ni les hommes, surtout qu’il y a des hommes qui sont touchés aussi par le syndrome de l’imposteur… Mais je pense que c’est une réflexion importante à avoir, en tant que femme, pour peut-être s’élever un peu au-dessus de nos conditionnements. Et même si je n’ai pas le sentiment d’avoir été élevée dans un environnement sexiste, il se trouve que le sexisme est encore, partout. Et quand on grandit dans une société on en intègre forcément un peu ses valeurs dominantes.
Prises de conscience pour vaincre ce syndrome
Alors je n’ai pas d’antidotes au syndrome de l’imposteur à vous proposer, mais je vais vous partager 4 prises de conscience qui m’ont fait, moi, progresser :
1- Oser quand-même
La première chose c’est d’oser, quand même. J’en ai déjà parlé, mais en fait, il n’y a qu’en passant à l’action qu’on peut vaincre l’inertie que peut engendrer le syndrome de l’imposteur. Et on peut y aller petit à petit, mais une fois qu’on a reconnu ce syndrome, c’est plus facile de se dire « ok, j’ai peur d’être démasqué, mais j’ose QUAND MÊME ». Ça n’enlève pas la peur. Mais ça permet de faire bouger les choses.
2- Accepter les échecs
Ensuite, c’est de comprendre que les échecs font partie de tout processus d’apprentissage. Plus on se trompe, plus on apprend. C’est vraiment en se trompant qu’on en apprend : on fait des suppositions, on teste, ça ne marche pas, on ajuste, on recommence, etc… Et quand on accepte qu’on va se ramasser plusieurs gamelles, que c’est inévitable, on a moins peur d’être « démasqué », au fond, puisqu’on risque juste d’être démasqué en train d’apprendre… Genre un enfant qui apprend à marcher et qui se casse la figure, on ne va pas lui dire « ah, je t’ai vu, tu es tombé, tu ne sais pas marcher, en fait »… Vous me direz que c’est un peu exagéré comme exemple… Mais en fait, non. Ce n’est pas exagéré.
3- Assumer notre imperfection
Cela m’amène au troisième point qui est de prendre les devants sur la possibilité d’être démasqué en assumant notre imperfection, mais SANS en faire l’élément principal. On peut assumer le fait qu’on ne soit pas parfait, qu’on ait peur, qu’on fasse des erreurs, on peut être humble, sans ne faire QUE ressasser à quel point on est nul et incapable. L’humilité, ce n’est pas de l’auto-dénigrement, ça n’a rien à voir.
4- Se réaliser dans ce qu’on aime vraiment
Et le dernier point, c’est d’apprendre à se connaitre, et à se réaliser dans ce qu’on aime vraiment. Ça c’est très important : si on a peur d’être démasqué, c’est peut-être qu’on porte bel et bien un masque. Qu’on est peut-être pour de vrai pas à notre place. Et je pense que parfois, ça mérite qu’on s’interroge… Par exemple, quel sens on donne à notre vie professionnelle ? Est-ce qu’on entretient des relations vraiment sincères avec nos amis ?
Si vous êtes vraiment vous-mêmes, le seul risque que vous courrez, c’est d’être démasqué comme étant vous-mêmes. Et ça peut ne pas plaire à tout le monde, mais à vous, ça devrait vous plaire, a priori, d’être vous-mêmes.
Conclusion
J’ai donné vraiment juste mon expérience du syndrome de l’imposteur, et si vous vous êtes un peu reconnu, je vous invite à regarder d’autres vidéos sur le sujet, à lire des articles, des livres, et à faire votre propre cheminement, à construire vos propres prises de conscience sur le sujet… et j’espère que ma vidéo y aura contribué !
A lire sur le même sujet : Ça va se voir…
Bonjour et merci,
Ce que tu écris fait écho en moi. Et j’ai trouvé des ressources qui éclairent ce sujet pour moi :
Jeanne Siaud Facchin parle des zèbres, chez qui ce syndrome est fréquent en raison du décalage perçu en permanence avec les autres
https://www.youtube.com/watch?v=hyl14_d1uuA
Brené Brown travaille sur la honte et les “armes anti-honte” (l’expression de ce qui me fait sentir de la honte est la plus puissante…)
https://jetiensavivre.blogspot.fr/2015/01/la-vulnerabilite.html
Bon visionnage ;-)
Flûte (pensée en arborescence… ;-)), encore deux liens vers
> une petite BD qui parle d’un autre regard sur l’humilité
Art-Mella : Osons être magnifiques !
conscience-quantique.com/osons-etre-magnifiques/
> la question de l’acceptation de soi au centre du bouquin de Ilios Kotsou “Eloge de la lucidité”
http://www.ilioskotsou.com/pages/livres
J’en ai fait une image “pense-bête” : https://www.facebook.com/photo.php?fbid=10212376596283559&set=a.10212376569122880.1073741827.1639847228&type=3&theater
Belle journée
Bonjour Boris !
Je te réponds enfin :-) Oui, je n’en ai pas parlé pour ne pas rajouter une couche à mon sentiment d’imposture, mais effectivement, le syndrome de l’imposteur est très répandu chez les zèbres, ainsi et chez tous les gens ayant grandi avec une sorte de décalage, ou de différence, pas forcément visible ni nommée. J’aime beaucoup le travail de Jeanne Siaud Facchin, et d’autres auteurs, qui m’ont fait progresser… C’est encore un sujet de controverse entre moi et moi-même, pourtant :-)
Merci pour tous ces liens !!
Merci beaucoup pour cette vidéo. Je me suis reconnue dans vos propos et je peux ainsi nommer ce que je vis depuis toujours.
J ai toujours pensé que les félicitations que provoquaient certaines de mes réalisations provenaient de personnes qui avaient pitié de moi. Il me semblait surtout, que seules les critiques assassines avaient du sens.
Je vais donc creuser le sujet,
Merci encore
Bonjour Véronique !
Je me retrouve beaucoup dans ce que tu dis, dans ton expérience. J’ai moi aussi auto-édité un premier livre et j’ai vécu la même chose, je ne pouvais pas m’empêcher de dénigrer mon roman avant même qu’il ne soit lu. “Bon, il est pas génial non plus.” “Il y a quelques fautes, je le sais.” “Je l’ai écrit il y a moment, j’étais jeune.” J’avais tellement peur que ces gens me trouvent plus nulle encore. Mais maintenant, avec le chemin que j’ai fait, je trouve ces mots tellement irréels, déplacés. Je suis loin de m’être libérée de ce sentiment de devoir toujours m’excuser d’être en vie ou de partager quelque chose que j’ai créé, mais comme tu le dis si bien, c’est en osant qu’on avance. Aujourd’hui, mon livre auto-édité est loin d’être parfait, mais je laisse la liberté aux gens de faire leur propre opinion sur cette histoire.
En considérant que chaque situation est une expérience et que l’échec n’est pas une fin en soi, ça permet aussi de laisser moins de place à ces pensées parasites. En tout cas, merci pour cette petite vidéo qui arrive juste au bon moment. J’hésitais à auto-publier mes prochains romans (toujours cette question de légitimité). Mais si je retente l’expérience aujourd’hui, ce ne sera pas pour prendre le moins de place possible, mais pour au contraire faire mes propres choix et être plus libre.
Bon voilà, je t’ai écrit un pavé. Je m’excuserais presque, mais ce serait continuer une mauvaise habitude. J’avais des choses à dire et je me suis exprimée, une bonne chose de faite ! ;)
Merci !
Je reconnais les symptômes du syndrome de l’imposteur dans ma façon de penser, mais je préfère dire que je suis objectif et adepte du courant pessimiste, je n’ai d’ailleurs jamais aimé les compliments et préféré les critiques.
C’est la raison pour laquelle quand je parle de mon roman, je dis que je suis un scribouilleur (ce que je suis objectivement), au moins je ne cours pas le risque qu’on me traite d’imposteur.